Non merci N°1

Mais qui sont ces abrutis dégénérés ? Où sont-ils ? Ont-ils ce qui leur sert de cerveau envahi par les bizness-plans ? En-ont-ils encore un, de cerveau ? Sans parler d’un esprit !

Leur dernière trouvaille? Ils ont décidé de mettre des pubs sur écran vidéo dans les toilettes des lieux publics.

Je rentre, un peu pressé, je me présente devant l’urinoir, et là paf, je me retrouve le nez à dix centimètres d’un écran qui me vante les mérite de je ne sais plus quel infâme produit inutile, toxique et polluant. Pour échapper à cette intrusion malsaine dans le très intime de moi-même, je décide de faire mes affaires assis sur le siège plutôt que debout, autant faire d’une pierre deux coups, si je puis dire, tant que j’en suis là. Mais une fois confortablement assis sur l’auguste lunette d’ébénisterie plastique, un écran de la même taille s’allume sur mon côté droit et fini de me détailler les bénéfices et jouissance auxquelles je pourrais avoir accès si j’étais en possession de tel ou tel appli, gadget, abonnement, etc. Le tout sur un mode suggestif et subliminal à base de couleurs chaudes, de beaux barbus et de filles accortes.

Que venez-vous faire dans mon cabinet privé ? Bande d’ignominieux pervers obscènes. Mes déjections, vous intéressent-elles tant ?

Non, non et non ! Je proteste avec la plus vive véhémence !

Laissez moi mixer et déféquer en paix, laissez moi ce dernier endroit de poésie, laissez moi me recueillir avec sérénité pendant ces moments de ressourcement corporel, laissez moi retrouver ma nature animale, laissez moi tranquille, tout seul, pendant que je me laisse aller au soulagement universel qui m’envahit quand je suis bien allé, sentiment qui se répercute dans tout mon être et qui rend le reste de ma journée encore plus belle.